Au nom du corps
Elle achetait des livres qui lui parlaient de spiritualité, d’unité, d’émotions positives, de lumière et d’amour inconditionnel.
Elle essayait de toutes ses forces d’être parfaite, et de l’atteindre ce Ciel que ces récits décrivaient !
Elle essayait de gommer ses ombres, pour atteindre cette lumière.
Elle essayait d’être joyeuse, alors qu’elle était souvent triste.
Elle essayait d’être linéaire alors que tout en elle n’était que chaos et tsunami.
Elle essayait d’être calme alors qu’elle sentait la tempête.
Elle tentait de répondre à ce que ces sages écrivaient.
Mais plus elle lisait, plus elle essayait…
Et plus elle échouait.
Elle restait immuablement humaine et duale,
Avec ses émotions paradoxales.
Elle était l’inverse de tout ce qui était écrit ;
Et s’écroulait donc accablée et accroupie.
Pourquoi donc n’était-elle pas parfaite comme tous ces gens qui savaient,
Qui étaient des êtres illuminés et éveillés ?!
Épuisée, elle alla se coucher et se mit à rêver.
En songe, elle vit une grande salle :
D’un côté des hommes cravatés et même certains sages ;
De l’autre des musiciens, chanteurs et poètes délurés,
Dans un vaste bordel coloré.
Les cravatés, ne pouvant tolérer une telle pagaille, partirent sur le champ !
Et il ne restait dans cette salle que tous ces gens étonnants !
Surprise, au réveil elle comprit.
Elle mit de côté tous ses livres,
Et décida de vivre !
Elle accepta alors toute son humanité,
Ses sautes d’humeur, et son cœur parfois fermé.
Elle accepta toutes ses parts et sa dualité !
Et grâce à cela, elle trouva enfin son unité.
Son cœur s’ouvrit alors en corolle,
Car elle ne jouait plus aucun rôle.
Pour une fois elle s’aimait, même si rien n’était parfait.
Elle aimait même tout ce qu’elle avait tant cherché à masquer toutes ces années.
Elle arrêta donc de se faire violence,
Et entra dans sa propre danse.
Elle n’écouta plus les savants,
Mais son élan vibrant.
Elle devint une femme sauvage,
Capable parfois d’être en rage.
Elle pouvait pleurer,
Car elle en connaissait la beauté.
Elle accepta sa nature de femme cyclique,
Et devint magnifique.
Elle comprit que tout ce qui vivait en elle était divin,
Et la lumière vint enfin !
Elle ne cherchait plus la perfection linéaire,
Car elle sentait qu’elle était comme le mouvement de la Terre.
Elle dansait, chantait et riait maintenant de sa nature paradoxale et cyclique.
Et tout en elle était apaisé,
Car il n’y avait plus besoin de chercher.
Juste sentir la brise des étoiles sur sa peau
Et écouter le cantique des oiseaux.
Elle était maintenant l’océan qui voyait ses vagues.
Elle était la conscience qui vivait ses émotions.
Elle était le divin qui vivait dans son corps humain.
Elle était l’espace infini qui vivait le temps fini.
Elle était le calme qui regardait ses tempêtes.
Elle était l’unité qui vivait sa dualité.
Tout en elle s’était réuni.
Et elle vivait sa vie.
Caroline Gauthier – Au nom du corps
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